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Clichés sur les touristes étrangers

Clichés sur les touristes étrangers
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admin
août 12, 2024

Américains bruyants, Français râleurs, Allemands en sandales-chaussettes…

Pourquoi autant de clichés sur les touristes étrangers?

Les Jeux Olympiques Paris24 se sont achevés hier soir par une cérémonie splendide, et le monde entier paraît surpris par la bonne humeur des Français, contrairement à leur réputation de râleurs et de bougons. Chaque nation a sa réputation… Pourquoi les clichés sur les touristes sont-ils si tenaces?

Ils ne se plaignent plus ! La presse étrangère n’en revient pas : les Français sont contents. “La plus grande surprise des Jeux Olympiques de Paris, c’est que même les Français n’ont rien à redire” titre avec ironie le Wall Street Journal. Même son de cloche du côté du Guardian ou du New York Times : tous les journalistes envoyés à Paris s’étonnent de découvrir le peuple de Pierre de Coubertin de bonne humeur.

Dans la rue, les passants sourient. Dans le métro, ils se divertissent malgré la proximité forcée entre les voyageurs. “Même les athlètes olympiques français, qui sont habituellement confrontés à l’indifférence du public, retrouvent leur joie de vivre”, souligne le journal américain.

Les Jeux Olympiques auraient décidément tous les pouvoirs, y compris celui de redonner le sourire aux Français réputés grincheux.

Mais est-ce vraiment sérieux ? Les Parisiens passent-ils la majorité de leur temps à critiquer tout ce qu’ils voient (vélos en libre-service, voisins bruyants, poubelles non ramassées) ? Pas nécessairement, répondrons-nous avec optimisme : ceux qui vivent dans la capitale française sont conscients que ses résidents savent également se réjouir, exprimer leur gratitude et tenir la porte pour autrui.

Les clichés sur les touristes étrangers ont la peau dure

Les clichés et préjugés ont la peau dure pourtant, surtout lorsqu’ils permettent de dresser le portrait d’une catégorie de touristes. On dit les Français de mauvais poil et mal polis. Mais on dit aussi d’eux qu’ils portent tous les jours le béret et la marinière, conduisent essentiellement de 2 CV et adoptent un régime alimentaire étonnant : baguette au petit déjeuner, cuisses de grenouille à midi et vin rouge le soir…

Et pourtant, au moment où j’écris ces lignes, malgré ma carte d’identité française et le fait que j’ai largement dépassé la cinquantaine, je n’ai jamais porté de béret quotidiennement.

Chaussettes, sandales et ponctualité chez les Allemands

De la même manière, les touristes étrangers se voient affublés d’un certain nombre de stéréotypes. On dit des visiteurs allemands qu’ils sont très ordonnés et ponctuels et qu’ils manquent d’humour. Leurs voisins européens ne les porteraient pas spécialement dans leur cœur. “Les Britanniques, notait Die Welt il y a quelques années, les jugent peut-être parfois un peu trop sérieux et exigeants. Les Espagnols, amateurs de fêtes, les trouvent plutôt trop réservés. Quant aux Français, ils ont remarqué que les touristes allemands se couchent tôt…”

Un autre cliché colle au touriste germanique : celui du combo sandale-chaussettes. “Une faute de goût, expliquait Le Figaro en 2022, que l’on fait remonter à la création, en 1774, des Birkenstock, ces chaussures quasi orthopédiques conçues pour être les plus confortables possibles. Un siècle plus tard, elles étaient adoptées par tous les Allemands, version avec ou sans chaussettes. Lorsque le voyage se démocratise, à la fin des années 1930, les touristes allemands exhibent fièrement leurs godillots.”

Manifestement, les Allemands étaient des pionniers : autrefois jugées laides, les Birkenstocks ont récemment connu une réhabilitation remarquable, se transformant d’accessoires démodés en articles tendance, au point que même portées avec des chaussettes, elles sont devenues cool.

Les touristes américains seraient incultes et suréquipés

S’agissant des touristes américains, les stéréotypes vont bon train également. On évoque notamment une forme d’ethnocentrisme et un supposé manque de culture, notamment géographie. “Les Américains, poursuit Le Figaro, iraient jusqu’à penser que Londres est… la capitale de l’Espagne”. Tout cela, bien sûr, est faux.

“Le stéréotype du visiteur américain s’attend à ce que tout soit fait comme chez lui, ajoute Giovanni Angelini, fondateur d’un cabinet de conseil spécialisé dans l’industrie hôtelière. Il ne pense pas à la culture locale, critique rapidement les étrangers et est généralement bruyant et impoli. Sa tenue vestimentaire manque souvent de sophistication, ce qui lui vaut parfois le terme péjoratif d”Ugly American’ (‘américain grossier’, N.D.L.R.)

Parmi les autres clichés qui perdurent, le touriste américain aurait toujours faim, voyagerait très chargé et ne parlerait qu’anglais. Il serait néanmoins connu pour ses généreux pourboires.

À chaque catégorie de touristes étrangers sa (mauvaise) réputation

Chaque pays a droit à ses clichés.

On dit des Anglais qu’ils sont obsédés par l’alcool, en quête permanente d’un bar où assouvir leur soif. “Si l’image de l’Ugly American est connue dans le monde entier, résume CNNde nombreux pays, en particulier en Europe, se plaignent du comportement du ‘Britannique aviné’.

Le stéréotype de l’Anglais en voyage, c’est une personne qui parle anglais – lentement et bruyamment – au lieu de s’intéresser à la langue locale, qui cherche des restaurants anglais car il ne fait pas confiance à la ‘nourriture étrangère’ et qui se saoule dès l’après-midi.

Bien qu’il se vérifie parfois (on pense au tourisme all-inclusive prisé par les Anglais aux Baléares), ce portrait peu élégant ne saurait s’appliquer à l’ensemble des vacanciers britanniques.

Si le Royaume-Uni est connu pour sa culture du pub, le pays ne se classe d’ailleurs qu’à la 18e place dans le classement des pays européens qui consomment le plus d’alcool, loin derrière l’Allemagne et la France.

Et c’est à une Anglaise qu’on doit la création du Dry January, la campagne de santé publique à succès.

À l’origine des préjugés, des différences culturelles

Les touristes chinois sont parfois perçus négativement : ils sont considérés comme préférant les visites rapides, étant bruyants et ne respectant pas les bonnes manières.

“On les accuse de ne pas respecter la culture locale”, explique Giovanni Angelini. “Ils croient qu’ils peuvent emporter des fragments de sites archéologiques et crachent en public sans gêne.”

Ce comportement parfois mal interprété serait lié à des différences de cultureexpliquait au Figaro Laurent Tissot, historien du tourisme. 

“La Chine est restée très longtemps repliée sur elle-même. Cela fait à peine plus de vingt ans que le pays s’est ouvert et que ses habitants ont commencé à voyager. Ils ne connaissent donc pas toujours les codes des pays dans lesquels ils se rendent.”

Les touristes indiens ont la réputation d’être exigeants, de négocier systématiquement et de formuler fréquemment des plaintes concernant la nourriture.

En contraste, les touristes japonais sont perçus positivement car leur seul défaut serait d’être “excessivement civilisés” et respectueux des règles.

Giovanni Angelini note que les touristes japonais sont considérés comme parmi les plus respectueux et disciplinés. Cependant, ils ont tendance à exprimer leurs plaintes auprès des agences de voyages une fois rentrés au Japon, au lieu de les résoudre sur place.

Les stéréotypes donnent des repères

Dans un entretien publié dans le journal du CNRS, Anne Lehmans, professeure en sciences de l’information et de la communication, revient sur la genèse des stéréotypes, si courants dans notre décryptage du monde.

Si ces préjugés et ces clichés vont bon train, c’est notamment parce qu’ils permettent à chacun de se situer dans le monde.

Un stéréotype est une généralisation simpliste de la réalité, une image statique et catégorisante qui est souvent discriminatoire. Par exemple, lorsque l’on dit que les femmes ne savent pas s’orienter dans l’espace, ou que les Américains parlent fort, on use de stéréotypes…

Du point de vue de l’anthropologie, ces phénomènes représentent des formes de communication sociale et il est raisonnable de supposer qu’ils sont aussi anciens que le langage lui-même.

Cependant, comme le souligne la professeure, le concept de stéréotype est relativement récent. Il aurait émergé aux États-Unis en 1922, introduit par Walter Lippmann, un éminent spécialiste américain des médias.

“Dans son livre Public Opinion, il a été le premier à employer ce terme, emprunté au monde de l’imprimerie, dans son sens contemporain. Son intention était de définir des représentations sociales immuables, des ‘pictures in our heads’, soit des ‘images dans nos esprits’.”

Si ces images dans nos têtes sont souvent fausses, elles contribueraient donc néanmoins à nous rassurer. “Il est en effet difficile, conclut la chercheuse, de comprendre le monde sans avoir des repères fondamentaux, et les stéréotypes remplissent ce besoin.

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